zemoko reviewed La cinquième saison by N. K. Jemisin
La profondeur comme la densité de cette œuvre m’ont émerveillé
5 stars
J‘avais ce livre depuis bien longtemps dans ma PAL, à la fois à cause de bonnes critiques que j‘avais lues et des multiples récompenses qu‘il a obtenu (dont le plus prestigieux en SF, le prix Hugo, obtenu pendant 3 années consécutives, pour les 3 tomes de la trilogie !). Bref, je me suis (enfin) lancé… et je ne le regrette pas ! Je vous fais le pitch
Nous sommes, peut-être, sur Terre. Est-ce de la science-fiction post-apocalyptique ou de la fantasy ? Ce n’est pas bien clair (et c’est très bien comme ça).
La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s'est d'ailleurs déjà produit plus d'une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d'interminables nuits auxquelles l'humanité n'a survécu que de justesse.
Si c’est la Terre, elle …
J‘avais ce livre depuis bien longtemps dans ma PAL, à la fois à cause de bonnes critiques que j‘avais lues et des multiples récompenses qu‘il a obtenu (dont le plus prestigieux en SF, le prix Hugo, obtenu pendant 3 années consécutives, pour les 3 tomes de la trilogie !). Bref, je me suis (enfin) lancé… et je ne le regrette pas ! Je vous fais le pitch
Nous sommes, peut-être, sur Terre. Est-ce de la science-fiction post-apocalyptique ou de la fantasy ? Ce n’est pas bien clair (et c’est très bien comme ça).
La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s'est d'ailleurs déjà produit plus d'une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d'interminables nuits auxquelles l'humanité n'a survécu que de justesse.
Si c’est la Terre, elle n’a clairement plus rien à voir avec celle que nous connaissons. Elle ne comporte (plus ?) qu’un seul continent, le Fixe, sur lequel les humains s’efforcent difficilement de survivre aux catastrophes naturelles qui, périodiquement, viennent mettre à bas les fières cités et les empires naissants. Ce sont les « cinquièmes saisons » déclenchées par le Père Terre, furieux contre ses enfants. Elles ont lieu à intervalles plus en moins réguliers, de quelques années à quelques décennies, mais elles sont inéluctables et déclenchent des hivers nucléaires qui peuvent durer jusqu’à plusieurs années et auxquels il est donc souvent difficile de survivre.
Au moment où se passe notre récit, un Empire, l’antique Sanze, a pourtant réussi à se développer, plusieurs saisons durant, et à mettre en place une organisation de la société uniforme sur le continent. Les humains sont organisés en comm’ (communautés) qui se constituent, se protègent et se fortifient en respectant un corpus de règles et de principes destinés à anticiper la survenue de la prochaine la prochaine saison, et à y survivre. Ce corpus de règles, appelé lithomnésie, divise la population en castes rigides et enseigne à tous, tout ce qui permet de s‘organiser dans l’unique objectif de permettre la survie par-delà les saisons. Malheur aux hors-comm’, rejetés car ne disposant pas de compétences jugées utiles à la société, ils n’auront aucune chance de survivre.
Là où ça devient intéressant, c’est qu’il existe une catégorie d’humains, appelés orogènes ou « gêneurs » , qui sont capables d’entrer en contact avec la Terre et d’utiliser son énergie, pour déclencher des catastrophes ou, s’ils sont bien formés, en limiter localement les effets. C’est pour eux une malédiction car ils inspirent à tous une pure terreur. Ils sont le plus souvent pourchassés et tués sans pitié. Seul l’Empire de Sanze semble avoir compris leur valeur, et a créé à Lumen, sa capitale, le Fulcrum, un lieu où on pourra les former, c’est à dire les neutraliser et les utiliser. À chaque orogène est attribué un Gardien qui peuvent annulées leurs pouvoir, et ont pour mission de les neutraliser s‘ils devenaient dangereux, ou prétendait simplement vivre leurs vies. Attention, ce n’est pas une école, et les orogènes ne sont pas des élèves. Les oroogènes inspirent toujours les mêmes sentiments aux Sanziens, et ces derniers ne le considérent pas comme des humains (un édit antique l’atteste), mais comme de simple outils. AU Fulcrum, les jeunes orogènes ne sont qualifiés que de « poussière » pour mieux nier leur humanité.
Le roman relate le destin de trois femmes, toutes trois orogènes :
Essun vivait dans une petite communauté avec son mari et ses deux enfants. Elle cachait à tous sa nature d’orogène, y-compris à son mari… mais, pour son malheur, elle a transmis son orogénéité à ses enfants. Lorsque son mari l’a découvert, il a tué leur fils à mains nues et s’est enfoui en kidnappant leur fille. Elle veut retrouver sa fille, autant que rendre justice à son fils. Damaya est encore une petite fille qui a été rejetée par sa famille quand son orogénéité a été découverte. Un gardien la ramène à Lumen pour qu’elle rejoigne le Fulcrum afin d’y être formée avec la « poussière ». Syénite, enfin, est une orogène quatre anneaux (sur une échelle de dix). Elle est envoyée en mission dans une ville côtière sous la supervision d’un mentor, Albâtre. Ce dernier est le plus capé des orogènes (c’est un dix anneaux) et le Fulcrum attends de Syénite et Albâtre, en plus de mener à bien leur mission, qu‘ils couchent ensemble et donne naissance à un orogène qu’ils espèrent puissant.
J’ai beaucoup aimé ce premier tome. J’ai aimé la manière dont l’autrice distille au compte-gouttes repères sur la société et détails sur son organisation, de manière très progressive, comme si ces éléments étaient censés être connus de tous et que nous, lecteurs, nous devions de tirer seuls nos conclusions. Cela donne une tonalité très particulière au roman, qui m’a permis d’être rapidement happé, tant par l’histoire que par l’organisation très particulière de ce monde.
L’autrice sait faire exister le monde de la Terre fracturée de manière concrète, mais elle n’oublie pas de soigner la psychologie des différents personnages, principaux comme secondaires. Le destin de ces femmes torturées, meurtries par la vie mais tellement fortes, m’a laissé abasourdi. La profondeur comme la densité de cette œuvre m’ont émerveillé. Je comprends parfaitement son prix Hugo… et je vais de ce pas lire la suite pour comprendre comment les tomes 2 puis 3 ont pu, à leur tour, mérité ce même prix !